OFILDUTEMPS

OFILDUTEMPS

Etalonnage des poids


Poids byzantin 400 à 450


Poids étalons de la ville de Grâce, 1681

Extrait de l'encyclopédie de Diderot, 1781

"Comme on a senti de tout temps la nécessité de régler les poids & les mesures, afin que chacun en eût d'uniformes dans un même lieu, on a aussi bientôt reconnu la nécessité d'avoir des étalons ou prototypes, fait pour régler les poids & mesures que l'on fabrique de nouveau, soit pour confronter & vérifier ceux qui sont déjà fabriquer, pour voir s'ils ne sont point altérés, soit par l'effet du temps, ou par un esprit de fraude, & si l'on ne vend point à faux poids ou à fausse mesure."

"Les étalons des poids & mesures ont toujours été gardés avec grande attention. Les Hébreux les déposaient dans le temple, d'où viennent ces termes si fréquemment dans les livres saints : le poids du sanctuaire, la mesure du sanctuaire.
Les Athéniens établirent une compagnie de quinze officiers qui avaient la garde des étalons : c'étaient eux aussi qui réglaient les poids & mesures.
Du temps du paganisme, les Romains les gardaient dans le temple de Jupiter au capitole, comme une chose sacrée & inviolable ; c'est pourquoi la mesure originale était surnommée capitalina.
Les empereurs chrétiens ordonnèrent que les étalons des poids & mesures seraient gardés par les gouverneurs ou premiers magistrats des provinces. Honorius chargea le préfet du prétoire de l'étalon des mesures, & confia celui des poids au magistrat qui était alors ce qu'est aujourd'hui chez nous le contrôleur-général des finances.
Justinien rétablit l'usage de conserver les étalons dans les lieux saints ; il ordonna que l'on vérifie tous les poids & toutes les mesures, & que les étalons soient gardés dans la principale église de Constantinople ; il en envoya de semblables à Rome, & les adressa au sénat comme un dépôt digne de son attention. La "novelle 118"  dit aussi que l'on en gardait dans chaque église ; il y avait des boisseaux d'airain ou de pierre, & d'autres mesures différentes.

En France, les étalons des poids & mesures étaient autrefois gardés dans le palais de nos rois. Charles-le-chauve renouvela en 864 le règlement pour les étalons ; il ordonna que les villes & autres lieux de sa domination, rendent leurs pieds & mesures conformes aux étalons royaux qui étaient dans son palais, il enjoignit aux comtes & autres magistrats des provinces d'y tenir la main : ce qui fait juger qu'ils étaient aussi dépositaires d'étalons conformes aux étalons originaux, que l'on conservait dans le palais du roi. On en conservait aussi dans quelques monastères & autres lieux publics.

Le traité fait en 1222 entre Philippe-Auguste & l'évêque de Paris, fait mention des mesures de vin & blé comme un droit royal que le prince se réserve, & dont le prévot de Paris avait la garde. Le roi céda seulement à l'évêque les droits utiles qui se levaient dans les marchés, pour en jouir de trois semaines l'une, & ordonna au prévot de Paris de faire livrer les mesures aux officiers de l'évêque : mais cela concerne plutôt le droit de mesurage, que la garde des étalons.

Sous le règne de Louis VII la garde des mesures de Paris fut confiée au prévôt des marchands. Les statuts donnés par S-Louis aux jurés-mesureurs, font mention qu'aucun mesureur ne pourrait se servir d'aucune mesure à grain qu'elle ne fût signée, c'est-à-dire, marquée du seing du roi ; qu'autrement il serait en la merci du prévôt de Paris : que si la mesure n'était pas signée, il devait la porter au parloir aux bourgeois pour y être justifiée & signée.

Les auteurs de Gallia Christiana rapportent qu'avant l'an 1684, ...on voyait à la chapelle S.Leufroy, une pierre taillée en forme de mitre, qui était le modèle des mesures & poids de ville de Paris, & que de-là venait l'usage des contestations sur les poids & les mesures. ...
Il y a encore en quelques villes de provinces des étalons de pierre, pour la vérification des mesures.

Le roi Henri II ordonna en 1557, que les étalons des gros poids & mesures seraient gardés dans l'hôtel de ville de Paris.
Lorsqu'on établie en titre à Paris des jurés mesureurs pour le sel, qui faisait alors l'objet le plus important du commerce dans cette ville, on leur donna la garde de toutes les mesures des arides : c'est pour la garde de ce dépôt qu'ils ont une chambre dans l'hôtel de ville.

Les apothicaires & épiciers de Paris ont conjointement la garde de l'étalon des poids de ville, tant royal que médicinal ; ils ont même, par leurs statuts, le droit d'aller deux ou trois fois l'année, assistés d'un juré balancier, visiter les poids & balances de tous les marchands & artisans de Paris ; c'est de-là qu'ils prennent pour devise Lance & pondera servant

Il faut néanmoins excepter les orfèvres, qui ne sont sujets à cet égard qu'à la visite des officiers de la cour des monnaies, attendu que l'étalon du poids de l'or & de l'argent qui était anciennement gardé dans le palais du roi, été gardé à la cour des monnaies depuis l'ordonnance de 1540.

Les merciers prétendent aussi n'y être pas sujets.

Pour ce qui est des provinces, la plus grande partie de nos coutumes donnent aux seigneurs hauts justiciers, & même aux moyens, le droit de garder les étalons des poids & mesures, & d'en étalonner tous les poids & mesures dont on se sert dans les justices de leur ressort.

Les coutumes de Tours & de Poitou veulent que le seigneur qui a droit de mesure en dépose l'étalon dans l'hôtel de la ville la plus proche, si elle a droit de mairie ou de communauté, si non au siège royal supérieur d'où la justice relève.
Dans l'hôtel de ville de Copenhague il y a à la porte deux mesures attachées avec de petites chaînes de fer ; l'une est l'aune du pays, qui ne fait que demi-aune de Paris ; l'autre est la mesure que doit avoir un homme, pour n'être pas convaincu d'impuissance. Cette mesure fut exposée en public sur les plaintes par une marchande, que son mari était incapable de génération.

Les étalons sont ordinairement d'airain, afin que la mesure soit moins sujette à s'altérer. Lorsqu'on en fait l'essai, pour voir s'ils sont justes, c'est avec du grain de millet qui est jetté dans une trémie, afin que le vase se remplisse toujours également.

L'ordonnance de 1567 pour l'étalonnement des poids, porte qu'il sera payé aux gardes pour chaque pile d'un ou plusieurs marcs, avec toutes les parties & diminutions, & aussi pour chaque garniture de trébuchet fourni de ses poids qu'ils auraient étalonnés, trois deniers tournois, qui leur seraient payés par l'ouvrier & marchand du dit poids, trébuchets, & balances.

Par une ordonnance de l'année 1641, ce droit a été supprimé ; & il y est dit que les balanciers, marchands, fondeurs, ets, pourraient faire étalinner & marquer leurs poids gratitement au greffe de la cour des monnaies."






22/10/2008
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